Je vous conseille de télécharger ici mon petit guide sur la photographie noir et blanc en numérique.
J’ai souvent les mêmes questions sur des conseils d’achat d’un appareil numérique avec capteur monochrome (qui ne fait que des photos en noir et blanc, et pas de photographies en couleurs). Je vais donc résumer les avantages et les inconvénients en quelques lignes. Ces appareils sont dépourvus de matrice de Bayer et donc ne retranscrivent pas les couleurs. Le capteur ‘capte’ uniquement les contrastes de lumières, la luminance des scènes.
Avantages d’un capteur monochrome :
- On peut monter à de très hautes sensibilités (25.000 / 50.000 iso suivant les appareils) sans apparition de bruit numérique. Le bruit numérique arrive, mais beaucoup plus haut en sensibilité que sur les capteurs couleurs. Le grain obtenu est comparable à du grain très fin argentique. Pourquoi ? car contrairement à un appareil numérique avec matrice colorée qui reçoit pour chaque photosite uniquement 1/3 des photons, les photosites des capteurs monochromes reçoivent pleinement tous les photons qui leurs parviennent.
- Il n’y a pas de moiré (ou très très rarement). Pourquoi ? Parce que l’on évite l’échantillonnage des fréquences RVB (rouges, vertes et bleues) qui apportent parfois du moirage.
- La photo gagne en précision ! la texture est plus fine. Certaines marquent annoncent plus de 60% de sensation de définition en plus. Pourquoi ? pour la même raison que pour la première affirmation, mais aussi car sur les capteurs monochromes il n’y a pas besoin de filtres anti-moiré (filtre passe-bas) qui apporte du flou.
- La plage dynamique est plus importante dans les basses lumières. On gagne en détails et en ‘visibilité’ dans les basses lumières.
Inconvénients d’un capteur monochrome :
- On est condamné à faire du noir et blanc, et même si cela peut paraître évident, certains finissent par craquer et revendre leur matériel. Tandis que des appareils avec capteur numérique avec matrice colorée peuvent eux faire du noir et blanc.
- La plage dynamique est moins importante dans les hautes lumières, une fois que c’est blanc (cramé) impossible de revenir en arrière, on n’a plus aucune information. Il est donc nécessaire de sous-exposer la scène, ou exposer pour les hautes lumières. Travailler avec un capteur numérique monochrome c’est un peu comme faire de l’inversible (diapositive) en noir et blanc : pas le droit à l’erreur !
- Trop sous-exposer n’est pas bon non plus ! en effet, en sous-exposant pour conserver les hautes lumières, on obtient souvent du ‘banding’ dans les basses lumières en les développant.
- On ne peut pas jouer sur l’éclairage des différentes teintes de l’image. C’est-à-dire foncer le bleu d’un ciel, éclaircir un vert, etc. Il est nécessaire de filtrer (ajouter un filtre de couleur physiquement à la prise de vues). Le rendu est donc plus ‘plat’ qu’une issue image d’un capteur coloré convertie en noir et blanc avec la retouche des courbes RVB.
- De part mon expérience : les capteurs monochromes sont plus sensibles à la rayure lors des dépoussiérages.
Conclusion
Sauf si vous êtes fortuné, il sera nécessaire de bien réfléchir à l’achat d’un appareil composé d’un capteur monochrome. C’est très spécifique et contrairement au capteur couleur avec lequel on peut faire du noir et blanc, là vous ne pourrez pas faire de la couleur. Et contrairement à l’argentique vous ne pourrez pas vous dire un jour : j’achète pour aujourd’hui une pellicule couleur car je vais photographier le feu d’artifices à Disneyland. Vous ne pourrez pas également réaliser en post-production facilement des ciels tourmentés, assombrir ou éclaircir des teintes comme on le fait avec un fichier RVB, il vous faudra choisir à la prise de vues, une correction et une seule et ajouter ‘physiquement’ le filtre adéquat.
À titre personnel, je ne pourrais pas avoir qu’un seul appareil monochrome, et pourtant mes photos sont à 80% en noir et blanc. Un appareil monochrome c’est une vraie démarche de ‘puriste’, ce n’est pas un choix à la légère ou un choix de ‘mode’ (sauf si vous êtes fortuné), c’est le choix d’un rendu, d’une démarche.
Yann MATHIAS